Le célèbre principe du serment d’Hippocrate « Primum non nocere deinde curare », d’abord ne pas nuire ensuite soigner, trouve une illustration moderne dans la stratégie et la gestion des établissements de santé. En effet, l’hôpital est censé donner les moyens de la restauration de notre santé, non pas contribuer à sa dégradation. Et cette exigence s’étend en dehors de l’hôpital qui ne doit pas nuire non plus aux riverains et à l’environnement dans lequel il se situe. Ainsi, la qualité des soins ne doit pas être atteinte aux dépens de l’environnement et il appartient aux établissements de santé de contribuer au respect de notre cadre de vie.
L’empreinte écologique des établissements de santé est par essence déjà très lourde. Ils sont 4 000 établissements à fonctionner 24 heures sur 24, 365 jours par an. Leur consommation énergétique est immanquablement conséquente. De plus, les établissements de santé sont des producteurs de déchets en grande quantité, et ces déchets sont aussi des déchets dangereux : déchets d’activité de soins (DAS), déchets d’activité de soins à risque infectieux (DASRI) ou encore des déchets liés à la radioactivité, aux médicaments, etc. Les établissements de santé sont encore des consommateurs importants de biens et services (produits d’entretien, de construction, fournitures de bureau, nourriture, etc.). Les établissements de santé génèrent enfin beaucoup de déplacements et des transports spécifiques, adaptés.
Ainsi, à la double faveur du Grenelle de l’environnement mais aussi du plan Hôpital 2012, l’engagement des établissements de santé dans le développement durable est devenu un enjeu incontournable et un élément central de la stratégie de fonctionnement des établissements.
C’est dans les suites du grenelle qu’une convention d’engagement des établissements de santé dans le développement durable, a été signée par deux fédérations hospitalières, le 27 octobre 2009. Cette convention cible les domaines suivants :
- la gouvernance des établissements et la volonté d’intégrer le développement durable comme une composante du management ;
- les économies d’eau et d’énergie grâce au recours aux énergies renouvelables (solaire, biomasse, géothermie…). L’objectif de réduction d’énergie est de 20 % d’ici à 2012 ;
- l’éco-construction : tous les bâtiments neufs doivent intégrer les normes [HQE|Haute qualité environnementale] et tendre vers des objectifs de Basse consommation (consommation d’énergie inférieure de 50 %) ou de Très haute performance énergétique (consommation d’énergie inférieure de 20 %). Le parc immobilier existant devra envisager un « lifting énergétique » progressif ;
- les transports et la réduction des gaz à effet de serre avec l’achat de véhicules propres hors transports sanitaires pour 40 % des établissements et la mise en place d’un plan de déplacement pour 60 % des établissements ;
- la gestion des déchets et des effluents avec une réduction globale à la source, un tri sélectif des déchets et la valorisation des déchets dans au minimum 5 filières de valorisation « citoyennes » ;
- la stratégie des achats qui dans le choix des produits doit intégrer des critères environnementaux et sociaux.
En 2010, un sondage réalisé dans le cadre d’Hôpital Expo a montré que le développement durable progressait à l’hôpital, même s’il manque encore de structuration. En matière de politique d’achat, la composante environnementale commence à être reconnue dans les appels d’offre. En matière de transports, des efforts restent à faire et trois pistes existent : achats de véhicules propres et économes, transports en commun et plan de déplacement en entreprise.
Mais c’est probablement dans le domaine de la construction que l’on peut noter des avancées importantes, notamment avec la certification Haute Qualité Environnementale (HQE). Cette démarche constitue un engagement volontaire du maître d’ouvrage pour la conception et la réhabilitation de bâtiments exemplaires selon une approche environnementale. Un référentiel spécifique aux établissements de santé a d’ailleurs été élaboré pour soutenir et accompagner les maîtres d’ouvrage dans cette démarche. Enfin, le plan Hôpital 2012 prévoit que les projets immobiliers retenus doivent satisfaire à un ensemble de critères d’efficience, parmi lesquels figurent la qualité environnementale et la compatibilité avec l’objectif de développement durable.
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