Jeudi 11 et vendredi 12 mars 2010, l’Université de Caen Basse Normandie accueillait le colloque pluridisciplinaire Innovation et Précaution, colloque annuel Environnement et santé. Autour de l’enthousiaste Marie-Pierre Baudin-Maurin, maître de conférence en droit privé, étaient réunis scientifiques, chercheurs, médecins, géographes, linguistes, spécialiste en bio-éthique, sociologues, psychologues et bien sûr des juristes dont les éminents Christian Huglo et Corinne Lepage.
Le thème de cette année, Innovation et Précaution, a permis des échanges, parfois vifs, notamment autour du principe de précaution et des nouvelles technologies (OGM et nano). Chacun a ainsi pu exprimer ce que devrait être ce principe entre innovation, ne pas bloquer la recherche et le progrès, et précaution, éviter les dommages graves et irréversibles à la santé et l’environnement.
Tous les intervenants et les participants étaient convaincus de la nécessité de travailler ensemble et on a pu voir lors de ce colloque l’apport et les bénéfices d’une pluridisciplinarité. Pour paraphraser Madame Vandelac, professeur de sociologie à l’Université du Québec à Montréal, au-delà d’une pluridisciplinarité qui consiste à s’intéresser aux autres disciplines, il faut aller vers une transdisciplinarité qui permette d’intégrer des éléments des autres disciplines, voire une interdisciplinarité où fusionnent plusieurs disciplines.
Les interventions, notamment celle sur les OGM de Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie et président du conseil scientifique du CRIIGEN, et celle du docteur Le Houézec à propos des campagnes de vaccination Hépatite B et Grippe A, ont montré comment une mauvaise utilisation de la science et des expertises pouvaient conduire à des politiques publiques inutiles, coûteuses, voire dangereuses pour la santé et l’environnement. C’est dans ces conditions que naît la crise de confiance généralisée, dans les politiques, les institutions et dans la science en laquelle on ne croit plus, comme si la science était une affaire de croyance et non de démonstration.
Il est urgent d’appliquer le principe de précaution à la fois comme le principe éthique de responsabilité qu’il est à l’origine, mais également comme le principe procédural qu’il est dans le droit. Mais dans ce cas, il est fondamental que les juristes construisent avec les scientifiques les bases procédurales d’une expertise transparente, fiable, scientifiquement valide et donc crédible. Cette construction est indispensable à la science pour qu’elle ne perde plus sa crédibilité et aux politiques pour que leurs décisions ne soient plus soupçonnées de favoriser des intérêts lobbyistes au détriment de l’intérêt général.
En conclusion, ce colloque est une nécessité et c’est une réussite.
Rendez-vous l’année prochaine !
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