Sauvegarde de l’emploi ou sauvegarde de la planète ?
Telle pourrait être la question pour résumer cette affaire de fermeture annoncée des sites de raffinerie français par le groupe Total.
En effet, cette fermeture participe d’un plan d’anticipation du groupe Total concernant la consommation pétrolière dans notre pays. Des considérations tant économiques qu’écologiques entraînent une diminution de notre consommation, diminution qui devrait s’accélérer avec la taxe carbone. Personne ne viendra contredire cet état de fait, ni même ses motivations. Alors si l’on consomme moins, le producteur Total s’est dit qu’il devrait fabriquer moins. Logique, non?
Et c’est là qu’apparaît un problème, qui dépasse cette affaire, pour se transformer en économie verte, le paysage industriel français va devoir supprimer ses activités les plus polluantes. Donc, dans un premier temps du moins, les considérations écologiques vont détruire des emplois, les plus polluants, avant d’en créer de nouveaux, des emplois économiquement durables.
L’affaire Total a montré qu’au delà des difficultés techniques, pratiques et structurelles de la conversion écologique de notre économie, des freins sociaux mais aussi des blocages comportementaux et idéologiques vont rendre les choses encore plus périlleuses, complexes et sans doute aussi, douloureuses.
Si pour changer notre monde on comprend bien que chacun devra faire des concessions, comment accepter le sacrifice involontaire de certains? Comment faire autrement?
Bravo Emilie pour cet article.
Cet exemple confirme qu’il est urgent de considérer que les enjeux économiques, environnementaux, santé, et sociaux sont, et seront de plus, en plus étroitement liés. La recherche de solutions devra prendre en compte ces différents facteurs.
De même que le PIB ne permet pas à lui seul d’évaluer la valeur d’un pays, les seuls indicateurs financiers qui sont actuellement pris en compte pour évlauer la valeur d’une entreprise ne suffisent plus. Il faut arriver au « triple bottom line » : résultats financiers, sociaux et environnementaux pour juger de la valeur globale réelle d’une entreprise. Il faudra convaincre les actionnaires (institutionnels et individuels) de prendre en compte la création (ou la destruction) de valeur sur les trois plans : économique, social et environnemental. Ce que certains commencent à faire.
Effectivement, le défi est de prendre en compte tous ces différents enjeux qui peuvent aussi être en contradiction, afin de déterminer et d’appliquer la solution la plus efficace pour tous et la plus durable. Il faut introduire les notions de moyens et longs termes dans les décisions publiques et privées des grands groupes. Ces notions sont encore aujourd’hui très éloignées des préoccupations électorales de nos dirigeants, comme le montre également cette affaire et l’immixtion d’un gouvernement en campagne dans la gestion d’un groupe privé.